L’exposition initiée par PLAN 5 s’inscrit dans la continuité de 3 éditions de carnets de chantiers en Pays de la Loire. Ces carnets, accompagnés de vidéos, ont été produits par des dessinateurs.trices., architectes ou étudiants.tes. en architecture pour les Journées Nationales de l’Architecture 2017, 2018 et 2019 dans une démarche d’ouverture et de sensibilisation à la fabrique de l’architecture. Ces regards portés sur le chantier par le dessin sont ici restitués dans le cadre d’une exposition itinérante en Pays de la Loire.
Dissimulés derrière de grandes palissades et interdits au public, les chantiers sont de petits microcosmes trop souvent perçus par les nuisances qu’ils entrainent et trop peu pour le moment vivant et créatif qu’ils représentent dans l’incontournable édification de notre cadre de vie. La barrière -matérialisation de la frontière bien définie entre le théâtre de la construction et son environnement extérieur- est ici interprétée comme un dispositif d’exposition perméable d’ouverture des chantiers au public. Les éléments constitutifs d’une palissade de chantier : panneaux barreaudés ou pleins, lests et jambes de forces, sont questionnés et adoptés pour leur flexibilité d’agencement, leur simplicité de transport et leur efficacité de montage.
Le dispositif est décliné en différents modules entièrement démontables pour être transporté en camion utilitaire et pour répondre à la diversité des contraintes et des situations liées à l’exposition. Parpaings améliorés, matériel de coffrage détourné, caillebotis surélevés et châssis métalliques sur mesure sont les éléments constitutifs de la scénographie qui empruntent matériaux et outils aux chantiers. Brut et galvanisé l’ensemble est conçu pour laisser les productions dessinées prendre place et résonner avec leur environnement de création.
Pensé à la manière d’un jeu de construction à échelle 1, le dispositif scénographique est simple de mise en œuvre et ajustable à son contexte. L’espace d’expression est équivalent pour chacun des auteurs des dessins. La hiérarchisation par style de dessin ainsi que l’échelle des reproductions sont définies dans un souci d’harmonie d’une composition plus globale de l’ensemble de l’exposition. Aussi, la barrière habituellement utilisée comme support d’images de vente lisses de bâtiments finis, est ici utilisée pour transmettre au grand public des regards subjectifs sur le processus constructif en cours.
La partie extérieure, se joue de l’objet physique et symbolique associé à la séparation, à l’interdiction et aux limites et interroge le regard que l’on peut avoir sur cette façade d’une urbanité en chantier à durée indéterminée. Ajustable à plusieurs scénarios, ce dispositif linéaire plus ou moins long, est imaginé comme une fresque interactive composée grâce aux agrandissements des dessins originaux des dessinatrices et dessinateurs. Certains panneaux, sur pivots, permettent de se faufiler à travers pour aller voir ce qui se passe derrière. Le public fait alors acte de transformation en créant une ouverture physique et visuelle qui modifie la composition. À la dimension ludique du dispositif s’ajoute une épaisseur d’usage : s’asseoir pour observer, contempler, mais aussi se reposer ou discuter.
À l’intérieur, la découverte d’une sélection de dessins et croquis originaux se fait par le biais de tables flottantes sur des “aciers en attente”. La mise en scène de ce temps visuellement éphémère de la construction emprunte plus en profondeur l’utilisation des éléments propres au travail du coffrage et plonge l’observateur dans une atmosphère de chantier.
Photographies © – Collectif Gru