_Séquences d’espaces différenciés

Agora

Concours pour la création de la salle de lecture et du bookshop de Kanal Centre Pompidou à Bruxelles

[LOCALISATION]

KANAL – Centre Pompidou

Bruxelles, Belgique

 

[ 2023]

Concours

 

[COMMANDITAIRE]

KANAL-CIVA

 

[PROGRAMME]

Bookshop and community spaces 

 

[SURFACE]

1000 m²

 

[CONCEPTION]

Collectif Gru + Traumnovelle + Aboutt

 

[PHOTOGRAPHIE]

Barbara Salomé felgenhauer

“Only an empty room waiting…
And it was in this apparently empty space that everything suddenly seemed possible”

Adolphe Appiah

Un dimanche après-midi d’hiver, je flâne. Les étagères sont chargées du sol au plafond de livres colorés et alléchants. Quelques échelles permettent d’accéder aux rayonnages les plus hauts, les plus mystérieux. L’odeur du bois est soulignée par la douce acidité de l’encre d’imprimerie. Le libraire parle avec enthousiasme d’une récente publication exposée sur le présentoir central. Le booklauch aura lieu cette après-midi même, sur la passerelle. Je collectionne quelques ouvrages. Le libraire me glisse un tote-bag sérigraphié d’un dessin emblématique, et se presse pour ouvrir le débat avec le.a auteur.ice. Je lui emboite le pas.

Sur la passerelle, il fait plus frais. J’écoute d’une oreille la présentation de l’auteur.ice en déambulant parmi les podiums où des maquettes d’étudiant.e.s en architecture sont exposées. Ces podiums forment une sorte de narthex. Il ne m’échappe pas l’évocation d’une transition du profane – du monde ? de la ville ? de l’art ? – vers le sacré – du livre ? de l’architecture ? A la croisée des deux grandes passerelles de Kanal, cet emplacement est chargé de symbolique.

De nombreux va-et-vient de flâneur.euse.s m’attirent vers l’intérieur du CIVA. Je pénètre dans la pénombre d’un espace tiède et boisé. Une ouverture m’attire vers un espace très lumineux. L’espace circulaire et est ceint d’une coursive. Une présentation se prépare : de nombreuses chaises sont installées face à ce qui semble être une scène dont le fond est une vue plongeante vers les passerelles de Kanal. Je suis pris de l’envie de vivre cet espace entièrement vide et clos. J’aimerais en ressentir l’acoustique, douce et feutrée. Les murs ondulés sont dans une matière douce et chaude que je peine à identifier.

Une exposition de documents d’archives prend place derrière ce rideau épais. Je fais un tour complet par les différentes alcôves et monte l’escalier vers la coursive. La structure en bois se prolonge et est chargée d’ouvrages en libre consultation. De nombreuses cavités douillettes intégrées dans la structure en bois permettent de s’installer, seul.e ou en petits groupes, pour lire, travailler, échanger. Dans des coins plus intimes, ces espaces donnent des vues vers l’extérieur. Elles sont très demandées. Je découvre une vue plongeante sur le cercle. J’ai l’impression d’avoir découvert un endroit secret, mais un couple d’amoureux m’y rejoint bientôt et je leur cède la place.

Je redescends et me dirige vers la sortie arrière, et j’y découvre un somptueux jardin public intérieur. Ce qui frappe d’abord dans cet espace est la qualité de l’air. La lumière y est plus vive, et l’air est chargé des effluves humides d’une végétation épaisse. De fines particules flottent dans les rayons de soleil. De petits groupes d’adolescent.e.s y ont trouvé un refuge aux parcs gelés de leur quartier et de jeunes parents y promènent leurs bambins.