Pour le Voyage à Nantes au Solilab à la pointe ouest de l’île de Nantes, Ce playground – aire de jeu multigénérationnelle -, s’inspire d’une pratique à succès : la natation ; et d’équipements aujourd’hui disparus du paysage nantais : les piscines-péniches. Installées sur le bras de l’Hôpital (Loire), au sud de l’île Feydeau, les premières piscines-péniches de Nantes font leur apparition à la seconde moitié du 19e siècle. Ces installations, dédiées à l’apprentissage de la natation, étaient composées de deux bateaux soudés ensemble : l’un réservé aux vestiaires et douches ; l’autre aménagé pour accueillir un bassin avec un fond à plan incliné, permettant aux nageurs d’avoir pied à certains endroits et suffisamment de profondeur pour une pratique satisfaisante de la natation. La coque des bateaux était entaillée à la poupe et à la proue afin de laisser libre cours à la Loire.
Le comblement des deux bras nord de la Loire (1926–1936) met fin à la pratique de la natation fluviale au coeur de Nantes. Pour combler la perte des piscines-péniches, la municipalité étudie dès 1935 les premiers projets de construction de piscines publiques. La piscine Léo-Lagrange installée à la pointe de l’ancienne île Gloriette permet, à partir de 1951, de se baigner dans le panorama du port. En hommage à ces équipements que sont plus largement les piscines publiques de plein air, GRU imagine Terrain vague, une installation récréative reprenant l’esthétique des piscines à ciel ouvert.
« Quand on est sous l’eau, on est dans l’apesanteur la plus totale. » Jacques-Yves Cousteau
Soucieux d’engager une réflexion en faveur d’une architecture résiliente et proactive face à nos pratiques urbaines et plus largement face aux défis climatiques, le playground propose de repenser l’usage de la principale ressource de la piscine, l’eau, pour la remplacer par un bassin de filets, reprenant le geste d’une vague et restituant la sensation d’apesanteur que seule l’eau peut nous offrir. La structure de cette piscine, quant à elle, emprunte au langage des installations de travaux et autres systèmes de coffrage propres à la construction, présents en grand nombre dans cette partie de la ville, qui verra dans les prochaines années s’installer le futur centre hospitalier universitaire, un nouveau quartier, et un grand nombre de parcs et jardins. En croisant l’imaginaire de la baignade urbaine à celui du chantier par ces deux éléments constitutifs que sont le filet et son coffrage, le projet tisse aussi des liens entre des ressources et des savoir-faire très spécifiques créant ainsi l’occasion d’un dialogue et d’un travail collaboratif singulier.
Offrant des vues sur ce territoire en mutation, et une multitude de postures du corps et d’usages ludiques et réjouissants, Terrain vague s’inscrit dans la lignée des playgrounds du Voyage à Nantes, voulus comme conviviaux, généreux et ouverts à tous.
Dessin et Photographies © – Collectif Gru